
SOCIETES : Procédure d’exclusion et constitutionnalité
Auteur : Emeric Jolivot
Publié le :
30/01/2023
30
janvier
janv.
01
2023
QPC n°2022-1029 du 9 décembre 2022 – le Conseil constitutionnel vient de déclarer le dispositif légal régissant la procédure d’exclusion prévue par les statuts d’une société par actions simplifiée conforme à la Constitution.
Les statuts d’une société par actions simplifiée peuvent prévoir qu’un associé soit dans l’obligation de céder les actions qu’il détient en vertu d’une clause dite « clause d’exclusion ».
Dans le cas d’espèce, ladite clause prévoyait que la qualité d’associé est réservée aux personnes ayant la qualité de salarié et/ou mandataire social de la Société et qu’en cas de perte de cette qualité par un associé, une assemblée doit être convoquer en assemblée extraordinaire afin qu’elle se prononce sur l’exclusion. Les statuts prévoyaient également que l’associé concerné ne pouvait pas prendre part au vote en question.
Lors de l’assemblée extraordinaire convoquée dans le cadre de ladite exclusion, il est également procédé à la modification de la clause statutaire afin de la mettre en conformité avec la jurisprudence connue selon laquelle l’associé visé par une telle procédure d’exclusion peut prendre part au vote. L’associé concernée par la procédure d’exclusion vota contre cette décision.
L’associé exclu décide alors d’assigner la société en nullité de la modification statutaire opérée et de la décision l’excluant de la société notamment au regard de l’atteinte à son droit de propriété.
Au final, quatre QPC sont présentées au Conseil constitutionnel, à savoir :
- L’article L. 227-16 du code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il porte atteinte au droit de propriété sans nécessité publique ?
- L’article L. 227-16 du code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il porte atteinte de façon disproportionnée aux droits de propriété sans que cette atteinte soit justifiée par un motif d’intérêt général ?
- L’article L. 227-16 du code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il permet, combiné à l’article L. 227-19 du même code, la cession forcée par l’associé de ses actions sans qu’il ait consenti à l’adoption de la clause statutaire d’exclusion l’autorisant ?
- L’article L. 227-19 du code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il permet la cession forcée par l’associé de ses actions sans qu’il ait consenti à l’adoption de la clause statutaire d’exclusion l’autorisant ?
Le Conseil constitutionnel rappelle également qu’il résulte d’une jurisprudence constante de la Cour de cassation que la décision d’exclure un associé ne peut être prise qu’à la suite d’une procédure prévue par les dispositions statutaires et qu’elle doit reposer notamment sur un motif prévu par ces statuts, conforme à l’intérêt social et à l’ordre public sans être abusive.
Plus largement, cette décision ne fait que renforcer le rôle des statuts en qualité de « loi des parties au contrat de société» que l’associé accepte en entrant dans la société.
Le Cabinet PIVOINE vous accompagne dans l’ensemble de vos démarches lors de la rédaction de vos statuts et vous conseille sur la stratégie la plus adaptée le cas échéant.
Historique
-
SOCIETES : Validité d’un pacte d’associés pour la durée de la société
Publié le : 15/03/2023 15 mars mars 03 2023Corporate, droit de sociétés, financementCo-auteurs : Barbara BRAU et Ghislaine BETTON / Droit des sociétés La Cour de Cassation, dans des arrêts de novembre 2007, avait jugé qu’un pacte d’associés faisant uniquement référence à la durée de vie de la société (généralement 99 ans) ou au fait que le pacte existera tant que ses mem...
-
Prorogation provisoire d’une SAS par son président
Publié le : 17/02/2023 17 février févr. 02 2023Corporate, droit de sociétés, financementLa prorogation de la société est décidée à l'unanimité des associés, ou, si les statuts le prévoient, à la majorité prévue pour la modification de ceux-ci. Les associés doivent être consultés à cet effet, un an au moins avant la date d'expiration de la société. Auparavant, si la prorogation d...
-
Accès au grand public des informations sur les bénéficiaires effectifs - Suite
Publié le : 30/01/2023 30 janvier janv. 01 2023Corporate, droit de sociétés, financementArrêt de la Cour – Grande Chambre – 22 novembre 2022 / Communiqué presse du Ministère de l’Economie en date du 19 février 2023 Nous avions publié un article suite à l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 22 novembre 2022 qui, saisie par le Tribunal d’arrondissement de Luxem...
-
SOCIETES : Procédure d’exclusion et constitutionnalité
Publié le : 30/01/2023 30 janvier janv. 01 2023Contentieux des affairesCorporate, droit de sociétés, financementQPC n°2022-1029 du 9 décembre 2022 – le Conseil constitutionnel vient de déclarer le dispositif légal régissant la procédure d’exclusion prévue par les statuts d’une société par actions simplifiée conforme à la Constitution. Les statuts d’une société par actions simplifiée peuvent prévoir...
-
Crise de l’énergie : les aides de l’Etat pour aider les entreprises à faire face aux hausses des prix
Publié le : 13/01/2023 13 janvier janv. 01 2023Corporate, droit de sociétés, financementLe gouvernement a décidé de plusieurs aides à destination des entreprises afin de faire face à la hausse des prix de l’énergie. Afin de vous aider à vous y retrouver, le cabinet Pivoine fait le point en ce début d’année 2023 sur ces dispositifs bénéficiant aux entreprises et vous en livre...
-
Bénéficiaires effectifs, fin (enfin) de l’accès au grand public ?
Publié le : 06/01/2023 06 janvier janv. 01 2023Corporate, droit de sociétés, financementArrêt de la Cour – Grande Chambre – 22 novembre 2022 Le Registre des Bénéficiaires Effectifs (RBE) a été instauré par la Directive 2015/849, initialement, pour permettre aux Etats de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Il était alors accessible aux aut...