
La majorité des voix : un principe inébranlable pour les décisions collectives en SAS
Auteur : Jeanne Pandraud / Barbara BRAU
Publié le :
21/11/2024
21
novembre
nov.
11
2024
La société par actions simplifiée (SAS) offre une alternative plus flexible à la société anonyme (SA) puisqu’elle repose sur une forte dimension contractuelle.
Pour autant, la Cour de cassation, par une décision de son Assemblée plénière en date du 15 novembre 2024 (n° 23-16.670), vient en donner une limite essentielle : les décisions collectives des associés doivent impérativement recueillir la majorité des voix exprimées. Toute clause statutaire contraire est réputée non écrite.
En l’espèce, les statuts d’une SAS prévoyaient que les décisions collectives pouvaient être adoptées avec seulement un tiers des droits de vote, présents ou représentés. Cette clause soulevait deux problématiques majeures :
- elle permettait à une minorité d’imposer ses choix face à une opposition rassemblant les deux tiers des voix,
- elle ouvrait la porte à des contradictions en permettant à un même scrutin de conduire à des décisions opposées.
Si la Cour d’appel de Paris avait initialement validé cette clause dans un arrêt du 4 avril 2023, en estimant que « la loi ne l’interdisait pas expressément », l’Assemblée plénière de la Cour de cassation a annulé cette décision en affirmant qu’une règle fondamentale devait s’appliquer : une décision collective ne peut être adoptée que si elle rassemble le plus grand nombre de voix exprimées.
Cette décision s’appuie sur les articles 1844-1 et 1844-10 du Code civil ainsi que sur l’article L. 227-9 du Code de commerce. Ces textes exigent que les décisions collectives soient prises à la majorité simple des voix exprimées. Ce principe vise à garantir que la volonté de la majorité des associés prime sur celle de la minorité, assurant ainsi une gouvernance claire et légitime.
En conséquence, les rédacteurs de statuts devront veiller à respecter strictement la règle de la majorité. Toute disposition introduisant des seuils inférieurs à cette majorité expose la société à une insécurité juridique. Pour les associés et les dirigeants, cet arrêt rappelle que, bien que la SAS offre une grande liberté contractuelle, cette souplesse ne peut aller à l’encontre des exigences légales fondamentales.
L’équipe du cabinet Pivoine Avocats vous accompagne et vous conseille lors de vos constitutions de sociétés et de la rédaction de vos statuts.
Historique
-
Cessation des paiements et conciliation
Publié le : 12/12/2024 12 décembre déc. 12 2024Entreprises en difficultésAnalyse de l’arrêt Cass. Com. 20 novembre 2024, n°23-12.297 La cessation des paiements est une notion clé des procédures collectives. Définit comme étant l'incapacité pour une entreprise de faire face à son passif exigible avec son actif disponible, il découle, en effet, de ce marqueur...
-
Analyse de l’Arrêt Clamageran du 3 juillet 2024
Publié le : 05/12/2024 05 décembre déc. 12 2024Responsabilité contractuelle - Conflits commerciauxLa Cour de cassation, par un arrêt de sa chambre commerciale du 3 juillet 2024 (n° n° 21-14.947), a fait évoluer sa jurisprudence en matière de responsabilité des parties au contrat à l’égard des tiers, lesquels peuvent désormais se voir opposer « les conditions et limites de la responsabilit...
-
Etendue de la responsabilité de l’architecte chargé d’une mission complète de maitrise d’œuvre envers le maître d’ouvrage
Publié le : 28/11/2024 28 novembre nov. 11 2024Construction, Immobilier et UrbanismeCass. 3e civ., 7 nov. 2024, n° 23-12.315, Publié au bulletin. Les obligations de l'architecte, principalement établies par le décret n° 80-210 du 20 mars 1980 portant Code des devoirs professionnels des architectes, varient selon l'étendue de la mission qui leur est confiée. Cette missio...
-
La majorité des voix : un principe inébranlable pour les décisions collectives en SAS
Publié le : 21/11/2024 21 novembre nov. 11 2024Corporate, droit de sociétés, financementLa société par actions simplifiée (SAS) offre une alternative plus flexible à la société anonyme (SA) puisqu’elle repose sur une forte dimension contractuelle. Pour autant, la Cour de cassation, par une décision de son Assemblée plénière en date du 15 novembre 2024 (n° 23-16.670), vient en...
-
TABLEAU COMPARATIF DES FORMES SOCIALES AGRICOLES (EXTRAIT)
Publié le : 14/11/2024 14 novembre nov. 11 2024Entreprises en difficultésPivoine Avocats vous présente ci-dessous, un extrait de son tableau comparatif de différentes formes sociales agricoles, sur plusieurs aspects juridiques. Groupement foncier agricole (GFA) Société civile d’exploitation agricole (SCEA) Exploitation agricole à...
-
ÉLARGISSEMENT DES MODES DÉCISIONNELS ET CONSÉCRATION DE LA VOIE ÉLECTRONIQUE DANS LE CADRE DE LA GOUVERNANCE DES SOCIÉTÉS CIVILES ET COMMERCIALES
Publié le : 07/11/2024 07 novembre nov. 11 2024Corporate, droit de sociétés, financementLa loi n°2024-537 du 13 juin 2024, à l’instar de la loi PACTE, se veut porteuse d’une vision rénovée de l’entreprise. Dans cette loi « fourre-tout » se côtoient diverses dispositions concernant le droit des titres, la compétence de la Cour d’Appel de Paris, le droit bancaire, le droit moné...